Un rapport israélien révèle la politique démographique à Gaza.

Publié le 31 Janvier 2014

Un rapport israélien révèle la politique démographique à Gaza.

Par Daoud Kuttab

Un des obstacles principaux au contrôle israélien permanent de la Cisjordanie est la présence des Palestiniens. Dans l'incapacité de les déplacer physiquement ou de les faire partir de leur plein gré, Israël a mis en place au cours des années un processus administratif appelé "transfert". Le principe de base de cette politique raciste est d'instituer des mesures administratives qui "encouragent" les Palestiniens à partir volontairement et qui rendent leur retour très difficile.

Pour mener à bien cette politique et jusqu'à la création de l'Autorité nationale palestinienne en 1993, les Israéliens ont eu recours à un système de permis. Quand quelqu'un partait pour son travail ou ses études, un permis temporaire lui était délivré. Si il dépassait la durée autorisée, il risquait de perdre son droit au retour. Maintenant que le gouvernement palestinien délivre des passeports, cette pratique a perdu de son impact. Toutefois, elle s'applique toujours et par conséquent continue de concerner les résidents palestiniens de Jérusalem Est, dont le droit à résidence dans la ville peut être révoqué après une absence de plus de sept ans. Le motif démographique derrière la politique israélienne de "transfert" est très clair, bien que rarement déclaré officiellement. Le ministre israélien de droite gén. Rehavam Ze'evi fut une exception lorsqu'il a déclaré publiquement son soutien au transfert [en avril 2002, source CNN]

Cette politique israélienne dont l'objectif est de réduire progressivement le nombre de Palestiniens en Cisjordanie a été dénoncée en matière de circulation des personnes de Cisjordanie vers la Bande de Gaza. Un rapport commun de deux organisations israéliennes de droit de l'homme détaille comment cette politique démographique est conduite. B'Tselem, le Centre israélien d'Information pour les Droits de l'Homme dans les Territoires occupés, et Hamoked, le Centre pour la Défense des Individus, ont publié en janvier un rapport intitulé : "Si près et pourtant si loin : Implications de l'isolement imposé par Israël à la Bande de Gaza sur le droit des Palestiniens à vivre en famille."

Ce rapport conjoint (1) accuse les tribunaux israéliens de faciliter la politique israélienne démographique basée sur cette stratégie dont l'objectif est de vider progressivement la Cisjordanie de ses résidents palestiniens. Comment Israël utilise-t-il la démographique dans sa politique à Gaza ?

L'adresse de résidence sur la carte d'identité palestinienne est un facteur déterminant. Même si l'Accord d'Oslo considérait la Bande de Gaza et la Cisjordanie comme une seule entité politique, Israël ne respecte pas ce principe. Si votre adresse est dans la Bande de Gaza, vous n'êtes pas autorisé à vivre en Cisjordanie et vice-versa. Cependant, le rapport montre qu'Israël permet à des résidents de Cisjordanie de changer leur adresse pour une domiciliation dans la Bande de Gaza, mais rend pratiquement impossible pour les Gazaouis de changer leurs adresses pour une en Cisjordanie .

Sous la pression de la FIFA en 2008, Israël a permis au footballeur de Gaza Suleiman Obeid à aller en Cisjordanie pour s'entraîner avec l'équipe palestinienne de football. Mais son épouse et leurs deux enfants n'ont pas été autorisés à le rejoindre. Cinq ans plus tard, Obeid a quitté le football pour retrouver sa famille. Il n'était pas seulement empêché de leur rendre visite, mais lorsque sa mère est tombée malade, il n'a pas eu l'autorisation d'aller la voir. Elle est morte quelques temps après sans qu'il ait pu l'embrasser. Obeid, l'un des 24 cas mentionnés dans le rapport, a parlé avec émotion de son calvaire : "Vouloir serrer son bébé dans les bras et jouer avec lui, ou penser à dormir avec sa femme ou avoir d'autres enfants... ce sont des besoins fondamentaux," a déclaré Obeid, "mais vous ne pouvez pas le faire parce qu'Israël ne veut pas."

Cette politique israélienne a été régulièrement confirmée par les décisions de la Haute Cour israélienne qui ont avalisé sans contestation la justification du gouvernement israélien pour maintenir divisées les familles palestiniennes.

Human Rights Watch a fustigé les décisions de la Haute Cour d'Israël, qui ne reconnaissent pas le droit des couples mariés à vivre ensemble comme un droit humain. Dans un article du 30 janvier 2012, Human Rights Watch déclare que la Haute Cour d'Israël a "dévié" de ses obligations internationales : "Avec ces jugements, la Haute Cour d'Israël a dévié gravement de son rôle de dernier bastion de défense des droits de l'homme," a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient.

Les deux organisations israéliennes de défense des droits de l'homme dénoncent cette politique discriminatoire avec force et font spécifiquement référence au ministre israélien de la Justice pour son rôle dans la perpétuation de directives fondées uniquement sur des objectifs démographiques racistes. Ironiquement, il y a eu peu voire aucune tentative des négociateurs palestiniens de les traiter, alors que le chef de l'équipe israélienne de négociation est Tzipi Livni, le ministre de la Justice en question.

(1) Pour télécharger le rapport, en anglais, 43 p., format PDF, cliquez ici.

http://www.ism-france.org/analyses/Un-rapport-israelien-revele-la-politique-demographique-a-Gaza-article-18672

Rédigé par Association Solidarité Forez Palestine

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